Des peignes, une collection, une vie.

Bée Guilmo


Préface

Dans le cadre d’un sujet d’étude portant sur un•e collectionneur•se, j’ai interrogé ma tante, Bée Guilmo, collectionneuse de peignes et de balais sur l’origine, les motivations et l’histoire de sa collection. Je me suis alors rendue chez elle à Saint-Alexandre, un petit village du sud de la France, non loin de Bollène dans le Gard. Nous avons alors échangé durant plus d’une heure dans la salle à manger de sa maison, la pièce où se trouve sa collection de peignes qui est accrochée aux murs.


Tata et moi entrons dans la salle à manger, où sont accrochés aux murs une multitude de peignes. Nous nous asseyons autour de la table. Je lance l’enregistrement.

S.L. Depuis mon enfance, j’ai toujours vu ces peignes accrochés aux murs de la salle à manger dans ta maison. Ils m’ont toujours intrigué. Ils attiraient mon regard durant les repas de famille ou les goûters de fin d’après-midi. Je ne me souviens pas t’avoir déjà questionné sur l’origine de la présence de ces objets sur ces murs. Mais, une chose est sûre, je me suis toujours demandé ce qui avait bien pu t’amener à collectionner et conserver tous ces peignes et si, tu te considérais comme une collectionneuse ?

B.G. Les collectionneurs ils sont tatillons, ils passent toute leur vie et leur temps à fouiner, chercher et je ne pense pas vraiment avoir cet esprit. C’est en fonction d’où je vais, je regarde.

S.L. C’est justement ça qui est intéressant car tu as tout de même une collection.

B.G. C’est une collection. Pour les gens qui arrivent c’est sûr que c’est une collection et après moi, si mes enfants veulent le faire, ils pourront continuer. Mais, ce sera toujours le début d’une collection, si tu veux. Mais, je n’ai pas vraiment l’esprit d’une collectionneuse, c’est des gens qui passent tout leur temps à chercher la moindre pièce manquante, il y a une chronologie, une époque, un retracer, tout est indiqué, tout est marqué, répertorié. J’ai un copain qui fait des collections de BD et là, par contre, il a l’esprit collectionneur. Tous les samedi matin à six heures, il est sur les brocantes. Là, c’est l’esprit d’un collectionneur ! Il fait toutes les brocantes de la région et il veut être le premier pour saisir quelque chose s’il y a une opportunité.

S.L. Et oui, il va chercher quelque chose en particulier.

B.G. Il cherche la suite d’une collection, le numéro manquant, il se renseigne sur internet et il regarde même au niveau des prix, combien vaut chaque bouquin par rapport au nombre d’exemplaire. Il sait tout dans le détail. Pour moi, c’est ça un vrai collectionneur.

S.L. Oui, c’est aussi définir qu’est-ce qu’un collectionneur, ce que signifie le terme de collection. Qu’est ce qu’une collection ? À quel moment on peut parler de collection ?

B.G. Normalement, pour moi, les collectionneurs, c’est des gens qui ont un rapport à leur enfance ou à leur vécu. C’est une valeur sûre, une valeur stable. Trouver l’antiquité en lien avec son époque, son enfance… Ils reviennent un peu à l’embryon pour repartir. Finalement, c’est le parcours de leur vie. C’est pour ça que je t’ai dit : « Je ne veux pas que tu sois hors sujet. ». Je n’ai pas du tout l’esprit d’une collectionneuse. Moi, j’ai une collection un peu fantaisiste, mais, je ne suis pas vraiment une collectionneuse.

S.L. Tu me disais que tu n’as pas vraiment l’esprit d’une collectionneuse, mais pourtant tu as une collection et même une seconde il me semble avec celle des balais.

B.G.  Pour moi c’est la même parce que dans mon esprit, si tu veux, c’est arrivé d’une façon un peu hasardeuse. Je me suis mise dans les peignes, mais, pour moi, un peigne et un balais c’est la même chose, c’est le même but. Un balais c’est pour nettoyer par terre et un peigne c’est pour nettoyer les cheveux. Donc, pour moi, les balais c’est un objet du quotidien matériel et un peigne c’est un objet du quotidien personnel, c’est sûr un individu.

S.L. C’est finalement lié.

B.G. C’est lié. Pour moi, les deux sont liés. C’est le premier outil indispensable pour vivre. C’est à dire, si tu ne te coiffe pas tu vas avoir des poux, tu vas avoir des maladies et si ton intérieur n’est pas propre, c’est la même chose. Quand tu analyses en profondeur, c’est exactement la même chose. En plus, c’est le seul objet qu’il y a partout dans le monde entier. C’est l’objet élémentaire, rudimentaire le moins cher qui peut exister. Dans tous les peuples, il y a un peigne et même si tu remontes à l’antiquité, les gens se font des beautés, ils se coiffent. En Afrique, ou même dans les tribus, c’est le premier objet élémentaire, mise à part le couteau pour faire à manger, mais, après vient l’esthétique. Chez les Égyptiens aussi. Je n’ai pas de peignes égyptiens. C’est dommage. Je ne suis jamais allée en Égypte et on en trouve pas déjà !

S.L. Il faudrait demander aux cousines en Égypte.

B.G. Et oui, mais bon, comme je n’y vais pas, je ne leur demande pas. Le but de mes peignes c’est d’obliger les gens à regarder les peignes comme moi, parce que, je vois que les gens, dans l’ensemble, ils ne les regardent pas. Je le vois bien, les voyageurs, ils ne regardent pas les peignes. Personne ne regarde les peignes, ils regardent autre chose, des objets, si tu veux… comment on dit ça ? … touristique ! Les gens sont attirés par ça, mais personne ne pensent aux objets rudimentaires et du coup, moi, par ma collection, j’oblige les gens à les regarder. Puisque, quand ils voient ma collection et qu’après ils voyagent, ils cherchent des peignes. Je m’aperçois que tous les gens qui s’approchent de moi et qui au début ne s’intéressent pas aux peignes finissent par les regarder. Et, ça se vérifie, parce que les gens avec qui je me suis un peu distancée ou que je vois moins, quand je les revois, ils ne parlent plus du tout de peignes et c’est quand ils les revoient que « Ha oui ! » Ils en reparlent. Tu vois, par ce biais, tu obliges les gens à regarder.

S.L. J’allais justement te dire, que tu peux être sûre que quand je vais aller au Maroc les prochains jours, c’est quelque chose que je vais regarder.

B.G. Si tu veux, maintenant, il y a énormément de peignes commerciales mais les premiers que j’ai eu, était en Mauritanie. C’était trois femmes, elles étaient en train de discuter, de palabrer ensemble et elles se coiffaient. En Afrique, tu sais, les femmes elles se coiffent toujours les unes, les autres. Donc, c’est comme ça que j’ai eu le premier. Et, l’autre femme, je lui ai dit : « Qu’est-ce vous faite ? », elle était en train de sculpter un peigne. Du coup, je lui ai dit : « C’est vous qui faites vos propres peignes ? », elle me dit : « Oui ! » et c’est là que j’ai commencé à lui dire : « Vous ne pouvez pas me le vendre ? Vous en faite d’autre. ».

S.L. Et du coup, ce peigne, ça a été le premier que tu as eu ?

B.G. Les trois, là-bas, à l’angle. C’est pour ça qu’ils sont presque neufs. Elles ne les ont pas utilisé, parce qu’elles étaient en train de le faire. Tu vois, ceux-là. Là-bas.

Nous nous déplaçons vers le côté du mur où se trouvent les trois peignes. Elle me montre les trois peignes dont elle parle.

S.L. Ah oui, ces trois-là.

B.G. Elles étaient trois et elles étaient en train de les faire. Et tu vois, c’est un peu le même style. C’est de la même tribu.

S.L. Et chacune, t’a donné le peigne qu’elle était en train de sculpter ?

B.G. Il y en a une qui était en train de coiffer. Et puis, elle m’a montré. Et, c’est à partir de ces trois peignes que ça a commencé. Mais, c’est là que je me suis dit : « Mais en fait, c’est trop beau ! ». C’est fait avec un bout de bois. Je les ai vu faire avec les bouts de bois qu’elles récupéraient. On jetterait ces bouts de bois nous ! Donc, je la vois faire, mais avec rien ! Ce n’était même pas un ciseau à bois, ce n’était pas grand-chose qu’elle avait à la main. Et, il y en avait une qui sculptait, l’autre en train de coiffer. C’était vraiment… elles étaient en train de palabrer dans un coin. Et là, j’ai vu l’objet, le bout de bois, et j’ai vu le résultat. Je me suis dit : « Je vais voir si j’en trouve d’autres, de d’autres tribus. ». Et, ça a était le début ! C’est là que je me suis dit : « Les objets touristiques, ça sert à rien. ». C’est les peignes, le vrai truc du peuple.

S.L. Et du coup, à chaque fois que tu as voyagé, tu en as récupéré ?

B.G. Bien sûr. Chaque fois que je voyage, j’en récupère.

S.L. C’était en quelle année, ce voyage en Mauritanie ?

B.G. C’était en 1982, quand on est partis en Afrique.

S.L. Donc, ça a commencé à ce moment-là ?

B.G. Quand on est partis en Afrique, les peignes je l’ai trouvé dans un coin plus reculé, mais le village exact… Tu vois, c’est en ça que je n’ai pas l’esprit d’une collectionneuse. Je ne m’en souviens pas.

S.L. Mais tu te souviens, par contre, de ces trois femmes qui étaient en train de sculpter ces peignes tout en se coiffant et en palabrant.

B.G. Oui, moi, c’est plutôt la scène de vie qui m’intéresse. Ce n’est pas l’objet pour l’objet, c’est un tout. C’est l’histoire qu’il y a derrière. C’est de voir ce qu’elles ont fait de ce bout de bois en palabrant. Comme nous on ferait des fuseaux de lavande. C’est un peu le même esprit. Et, de les voir palabrer, coiffer, faire un truc, je me suis dis : « C’est ça, le souvenir d’un endroit ! », ce n’est pas l’esprit d’acheter et d’accumuler les objets. Moi, les objets, il faut aussi qu’il y ai une histoire. J’ai besoin du côté humain et affectif. Bon ! Ces deux, trois femmes, je m’en souviens, parce qu’on discutait ensemble. Puis après, il y a eu le marchandage. Parce que, c’était un objet, au départ, qui n’était pas destiné à être vendu. Et puis, elles étaient surprises. J’avais vu dans leurs yeux, qu’elles ne comprenaient pas que je leurs demande d’acheter un truc comme ça. Et comme l’argent, elles en ont toujours besoin… Il y a eu le marchandage. Après, j’ai d’autres peignes que des copains m’ont ramené. Parce que justement je les oblige quelque part. Ils ont vu les peignes dans ma maison et quand ils voyagent, ils pensent à moi. En plus, ce n’est pas un objet très cher pour les copains. Je n’y avais pas pensé au départ. Mais c’est le geste, les copains me le ramènent plus volontiers. Si tu collectionnes un Rolls-Royce, le prix est pas le même. Là, le prix est dérisoire. Du coup, les copains peuvent te l’acheter tranquillement, sans problème.

S.L. J’allais justement te demander… comment tu as acquis tous ces peignes ?

B.G. Il y a quand même beaucoup de moi. Mais après, il y en a aussi des copains qui partent en voyage.

S.L. Parce qu’il me semble que papa t’en a sûrement ramené un d’Afrique.

B.G.  La vierge.

S.L. Oui, là-haut ! Le noir !

B.G. Le genre d’ébène, là.

S.L. : Il doit venir d'Afrique, je pense.

B.G. Celui-ci, je ne sais plus. Je sais pas, mais je crois que c’est de l’Afrique.

S.L. : Il faudrait lui demander.

B.G. Il me l’a dit, mais je ne m’en souvient plus.
Elle se lève pour me montrer les peignes, je la suis.

Celui-là. Celui-là, celui-là, celui-là. Celui-là. Et… Celui-là, c’est le même noir. Mais, le village exact, je ne m’en souviens pas. C’est vraiment dans la brousse.

S.L. On voit qu’ils ont un lien entre eux. Même en termes graphiques, il y a les trois premiers et les trois seconds.

B.G. Ce n’est pas le même bois. Mais, c’est avec ça que je les ai vu ce coiffer. Après, elles m’ont montré ce qu’elles avaient dans leur case. Du coup, si tu veux, on est restés des heures à discuter. C’est pour ça que pour moi, ce n’est pas vraiment pour l’objet, c’est pour ce qu’elles en font, pour leur histoire. Elles m’ont amené dans leur case et à un moment, elles ont fait venir leurs copines. Ça les a fait rire que je veuille acheter ça ! Donc, c’était dans de grandes rigolades. Pour moi, c’est ça le voyage, c’est l’échange que l’on a, ça traîne et ça fait boule de neige, comme pour ma collection. Parce qu’au départ, je pensais à rien du tout et c’est venu comme ça.

S.L. Et, les peignes ont toujours été accrochés sur les murs, ici ?

B.G. Au début, non. Quand on changeait beaucoup de maisons, je les m’étais dans un coin. Mais d’ailleurs, il y en a eu deux ou trois qui se sont cassées. Ils étaient magnifiques.

Elle me montre un peigne accroché au mur.

Là, il y avait hommes et femmes. Mais bon, il n’y a plus que l’homme, la femme est tombée. J’avais vu aussi une sculpture en terre d’un village comme ça et je l’ai acheté. C’était une femme avec la fécondité, plein de bébés autour. J’ai adoré ça ! J’en ai acheté deux. Et quand j’ai visité le musée de Chirac, j’ai vu marqué : « C’est le numéro deux, le numéro un, on ne sait pas où il est. ». C’était moi ! Et cette femme, elle est devenue célèbre. Et, Éva, quand elle a appris à marcher, c’était à Martigues, elle est tombée et elle a fait tomber la sculpture et elle c’est cassée. Donc, le numéro un, ils ne le trouveront jamais. Il est cassé et jeté. Mais, l’autre est toujours au musée. Et, c’est la même bonne femme. Mais, tu vois, par contre, je n’ai pas gardé le nom de l’artiste. Pour moi, ce n’est pas le plus important.

S.L. C’est l’histoire que tu rattaches à l’objet. Parce que là, il y a l’histoire avec Éva qui l’a cassé en tombant.

B.G. Pour moi, il faut une histoire. Il faut la vie et les échanges avec les gens sur le moment là où je suis. Mais, je ne veux pas qu’il y ai de rapport avec l’argent. Alors là, pas du tout ! À l’époque, on ne trouvait pas beaucoup de peignes. J’en cherchais, mais je n’en trouvais pas. Maintenant, c’est devenu un objet qui marche bien, donc les gens en font. Puisque les femmes, au lieu de faire de la broderie en Asie, des napperons en Italie, du crochet, ou encore de la vannerie en Sardaigne, elles ont vu qu’on pouvait vendre des peignes, alors elles se sont mises à en faire.

S.L. Elles se sont mises à en faire de plus en plus ?

B.G. Oui, du coup, ça devient de plus en plus commercial, mais, ça n’enlève pas le fait que ce soit beau. Pour moi, l’art, c’est quoi ? Un caillou peut être artistique. À partir du moment où tu fais attention à ce caillou et que tu l’améliores ou que tu ajoutes un signe, un dessin ou une sculpture, ça devient un objet qui n’est plus du tout quelconque. C’est le propre de l’art. Après, il y a des cailloux qui ont une forme, une couleur… C’est le regard que tu poses dessus qui fait que c’est un objet d’art. Du coup, les trucs que les gens m’offrent, ça a un souvenir pour moi, mais, ça a aussi un coté... Comment dire ? Affectif. Parce que, les gens qui me l’ont acheté, ils ont pensé à moi à ce moment-là. Ils reviennent de leur voyage, ils me racontent dans quel contexte, dans quel marché, ils l’ont acheté. Et, du coup, cette histoire, qui au départ m’a fait me mettre dans cette collection, ça a donné envie aux autres. Et, les autres me donnent une partie de leur histoire. Du coup, pour moi, ce  n’est pas la collection pour la collection, c’est tout cet esprit qui va avec.

S.L. C’est tout cet effet un peu boule de neige, comme tu disais tout à l’heure.

B.G. Pour moi, l’idéal, c’est les peignes et les balais. Pour moi, c’est la même utilité, avec un peigne, on nettoie les cheveux, et avec un balais, on nettoie la maison et c’est la base d’une vie, d’une tribu. Après, j’ai attaqué les tabourets. Les tabourets, c’est : « On s’assoit, on fait le feu… », mais, j’en ai que trois, et ça, c’est plus lourd ! C’est pour ça que ce n’est pas l’esprit « collection », c’est l’effet boule de neige. Et, dans la cave, j’ai des fours marocains en terre pour mettre des tajines dessus. Tu vas le voir quand tu iras à Marrakech. C’est un four en terre, où ils mettent leurs tajines. Plus tu vas dans l’arrière-pays, plus tu vas en trouver, parce que c’est leur cuisine. Et moi, quand j’étais enfant, ma mère le faisait, c’était un genre de seau. Les Vietnamiens, ils prennent le seau comme modèle et ils le vide avec du ciment. Ils font des morceaux en ciment, avec trois trépieds au-dessus pour poser la casserole et pour mettre le feu en dessous pour faire des mijotés. Donc, pour moi, les trucs qui m’intéressent le plus, c’est très primaire. C’est les objets du quotidien, les objets qui sont importants pour pouvoir vivre. L’un, c’est pour faire à manger, l’autre, c’est pour se coiffer, se nettoyer.

S.L. Tout à l’heure, tu parlais du morceau de bois. Ils sont tous en bois, tes peines ?

B.G. Non. J’en ai trouvé dans une brocante en Mauritanie.

Nous nous déplaçons et observons les différents peignes.

S.L. Ça, c’est en métal, je crois ?

B.G. Oui, c’est en métal, mais c’est plus récent. C’est en Asie.

Elle me montre des peignes.

Tout ça, c’est asiatique. Ça, c’est en os. Tout ça, c’est chinois. Ça, c’est de l’os. Tu vois ça ?

S.L. Tu en as récupéré en Chine, durant ton dernier voyage ?

B.G. Oui ! Alors, c’est génial ! Ça te permet de discuter avec les gens sans parler leur langue. On n’est pas allés à Pékin, bien sûr, mais dans les tribus. Par contre, c’est plus commercial, parce qu’il y avait des cornes et plein d’os d’animaux. Beaucoup de cornes de chèvres, de zébus, des trucs comme ça. Et, je vois un vieux qui fait des peignes. Il crée plein de modèles ! Il y en avait plus d’une centaine dans toute sa boutique. C’était toujours la même forme, mais comme les cornes sont de formes différentes chaque peigne est tout de même très différent.

S.L. Quelque part, comme ce sont des objets qui sont faits à la main, il y a forcément un côté unique.

B.G. Ils prennent toujours le même modèle, mais vu que les cornes sont différentes, ils sont obligés de l’adapter. Et, c’est amusant, parce que, je les voulais presque tous car chaque peigne était différent. C’est difficile de choisir entre les nuances, les cornes… Du coup, je les marchandais. Et, ça crée un contact. Et pourtant, c’est une langue que je ne parle absolument pas. Et, du coup, c’est rigolo comme chaque fois, ça fait ça, les gens se marrent, il y a le voisin, la voisine à côté qui vient et qui me regarde faire. Pour moi, c’est le début d’un contact avec des gens, on discute, tout ça… Et, ça a duré plus de une demi-heure. Mais, on dirait que l’on se comprenait. Et puis, on est partis dans des fous rires. Mais à chaque fois, ça donne des fous rires. C’est rigolo ! Et ça, quel que soit l’endroit. Et, ma copine qui était avec moi arrive et me dit : « Oh bée ! Moi aussi j’en veux ! Rajoute s’en deux ! - Ah, si tu en rajoutes deux, on remarchande alors ! » Du coup, je remarchande et je lui dit : « Ma copine aussi en veut ! » Et de nouveau, j’ai introduit ma copine dans le groupe. Et souvent, quand ça finit, ils te proposent un thé à la menthe ou un verre. On discute et puis, ils disent : « Mais, d’où vous venez ? ». Pour moi, c’est le plus important.

S.L. Comment tu choisis les peignes quand tu as le choix ?

B.G. C’est selon mes goûts. Mais, devant ce truc-là, il y avait une centaine, c’était difficile ! Parce que, ce qui est super beau, c’est que tu vois le tas de cornes, puis tu vois sa femme qui vend et lui, pendant ce temps, il travaille, il dessine, il affine, il regarde son morceau, c’est super sympa. Par contre, celui que j’ai trouvé en Mauritanie, au marché dans un bric-à-brac, il était tout noir, on ne voyait rien. Je voyais une forme très grossière, il y avait bien un centimètre de graisse ! Je ne voyais pas ses motifs en laiton et en cuivre. Alors, je l’ai décapé et tu le vois que c’est un peu décapé. Sinon, il était noir. Ça faisait une pâte noire dessus et je ne voyais absolument pas ce qu’il y avait en dessous.

S.L. C’était dû à quoi cette graisse noire ?

B.G. L’usure de l’objet. Ils ont était utilisés. J’en ai trouvé deux donc voilà l’autre. Tu vois, le deuxième il est là.

Elle me montre le second peigne qu’elle a décapé.

Je l’ai aussi décapé et les motifs sont différents. Il était vraiment utilisé, mais au départ c’était noir. Avec le relief je voyais qu’il y avait des choses, mais je ne voyais pas qu’il y avait des nuances.

S.L. Ça a été un peu la surprise !

Elle me montre un autre peigne.

B.G. Après celui-là c’est à Hawaï. Ce n’est pas un peigne, mais c’est moi qui en ai fait un peigne. Il y en avait deux. C’est un couvert à salade.

S.L. C’est ce que j’allais dire ! Parce que maman a les mêmes.

B.G. J’ai ramené la paire pour ta mère pour la salade, mais moi du coup, je me suis dit : « Rien n’empêche que ce soit un peigne. ».

S.L. Si tu décides que c’est un peigne ça peut tout à fait le devenir.

B.G. Donc, je ne veux pas que ce soit un couvert à salade.

Elle me montre de nouveau un autre peigne.

Et ça, c’est en coco.

S.L. Ah oui, je reconnais maintenant que tu le dis. Quand on le regarde de près on le voit au relief, mais la noix de coco est poncée.

Elle avance un peu et me montre le seul peigne possédant des plumes.

B.G. Et celui là, c’est Jean-Hubert qui me l’a offert, il vient de Cayenne, des tribus… comment ça s’appelle ? Du Suriname. Avec les plumes de cet oiseau qui est très typé du Suriname. Le nom de l’oiseau je ne le retient pas. Mais les deux là, tu vois, c’est du Suriname. Donc, toutes les tribus ont des matériaux et des bois différents.

Elle me montre plusieurs autres peignes.

Et celui-là, est en os. Celui-ci vient de Russie, c’est Papé et Mamé qui me l’ont ramené quand ils sont allés à Saint-Pétersbourg. Il est en cuir. Celui-là, c’est pareil, il est cassé, j’avais l’homme et la femme. Il est très vieux.

S.L. À chaque fois, il ne reste que les hommes. Ce sont les femmes qui disparaissent…

B.G. Je ne sais pas ce qui se passe, mais bon. Je râle d’ailleurs. J’avais le couple.

S.L. Et oui, c’était sympa d’avoir la paire.

B.G. C’est tout de même plus sympa. Après, tout ce qui est en double, c’est ce que j’ai trouvé et ce que les gens m’ont amené. J’en ai un à moi et un autre, c’est une copine qui allait toujours au Burkina qui me l’a ramené.

Elle me montre le peigne qui appartenait à sa mère.

Et celui là, il est important pour moi, parce que c’était à ma mère. Je ne sais pas où elle l’a trouvé.

S.L. C’est ce qui me semblait. Je me souviens qu’une fois, j’avais un peu discuté avec toi de tous ces peines et tu m’avais dit qu’il y en avait un qui venait de ta maman et je me demandais si c’était le premier de la collection ou pas, mais non du coup.

B.G. À sa mort, je l’ai trouvé dans  salle de bain et du coup je l’ai récupéré. Celui-là pour moi, c’est le coté affectif qui est le plus important. Mais, ce n’est pas celui là qui a déclenché ma collection.

S.L. Ça me fait penser, qu’il n’y a pas longtemps, ce n’est pas un aussi beau peigne que les tiens, mais j’ai récupéré un peigne qui appartenait à Mamé.

B.G. Ah bon ?

S.L. Il est tout simple, pour ce coiffer. Par contre, je ne sais pas en quoi il est.

B.G. Il faudrait que tu ailles voir le musée Chirac, il y a toute une vitrine que j’ai encore dans la tête. Par contre, c’est de toute beauté, c’est conservé, c’est sous vitrine, ils sont vraiment magnifiques. Ça m’a fait craquer quand j’ai vu ça. Et, quand j’ai été voir au Louvre des peignes d’Égypte, c’était magnifique ! Ils ont des trucs en or avec des incrustations de Lapis-lazuli. Après moi, je n’ai pas l’esprit d’une collectionneuse, dans le sens, où je ne vais pas acheter un objet pour l’acheter. Il me faut tout le contexte, l’histoire, la communication avec les gens, qu’on discute… Et, même les gens qui m’en offrent, je leur demande dans quel contexte ils l’ont achetés. Du coup, je suis sûre que moi, je m’en souviens plus qu’eux.

S.L. Et je me demandais, tu sais combien tu as de peignes ?

B.G. Non.

S.L. Tu ne les as jamais comptés ?

B.G. C’est-à-dire que j’en ai qui se sont cassés ou décrochés.

Elle attrape un peigne posé sur le buffet.

Tu vois, celui-là, il s’est décroché récemment. Et le dernier, c’est commercial, il est chinois. Mais il y en a un, d’une tribu, d’un village de Chine qui n’était pas très loin du Yunnan, où l’on était, dans un bled vraiment paumée. C’est une vieille femme chinoise, à moitié courbée. Elle était très vielle avec un chignon. Elle avait trois choses à vendre devant chez elle. Je voulais connaitre son histoire, mais elle n’a pas pu… Avec des jeunes, c’est plus simple, ils font des gestes, on arrive à parler, mais avec elle c’était compliqué. Quand je lui ai donné un prix pour ce peigne, elle était tellement contente ! Pour elle, c’était un truc merdique. « Si je vends, je vends, si je ne vends pas, je ne vends pas. ». Et de nouveau, c’était pourri. Du coup, je l’ai décapé et il est magnifique ! Il est en ferraille, enfin, je ne sais pas ce que c’est. Mais, c’est le dernier.VIII Je pense que c’est un truc vraiment très vieux et ancien. Alors que les autres, c’est du business. Mais celui là, c’était vraiment dans  un bric à brac, devant sa maison et elle le mettait devant pour essayer de vendre les trois trucs qu’elle avait. C’était devant sa maison. Mais celui-là, pour moi, c’est le dernier qui a une valeur d’antiquité. Mais bon, après, il n’y a pas eu de discussion. Mais du coup, je m’en souviens, parce que c’est un contexte très particulier. C’est la vieille personne, comme on l’a toujours décrite. Et ce peigne là, il date d’il y a plus de 100 ans. Elle avait un grand sourire et on discutait, mais sans trop se comprendre.

S.L. Finalement, quand tu revois ce peigne, tu repenses un peu à son sourire. D’une certaine façon, tu revois la personne en voyant le peigne.

B.G. Je revois la maison, je revois la dame. Il me faut tout un contexte.

Elle me montre un peigne.

Ça, c’est de la part de Florent. Il vient du Cameroun. Il est très particulier comme peigne. Tu vois ! Mais, comme on ne voyage pas beaucoup maintenant, la dernière fois c’était en Sardaigne, mais je n’ai rien trouvé. Parce que pour moi, tous les coins ont quelque chose, mais les gens ne le montrent pas. Je pense que c’est l’époque, on ouvre moins sa maison aux autres.

S.L. On est de plus en plus solitaire et individualiste.

B.G. Avant, les gens t’offraient un thé, ils te faisaient rentrer dans leur maison, c’est comme ça que tu trouvais des peignes, parce que ce sont des objets qui ne s’achètent pas. Ce sont des objets utilitaires. C’est pour eux et il faut rentrer chez eux et de plus en plus, on ne peut pas. Tu vois, en Chine, partout où j’allais, même dans la montagne, c’était pour le business. Parce qu’il y a des touristes qui visitent ces montagnes, comme nous. Donc, c’est pour le business. Mais, avec cette dame-là, on était dans un bled paumé. Et, il n’y a que comme ça que j’arrive à en trouver. Du coup, maintenant, j’en ai beaucoup moins, car je ne veux pas en acheter dans une boutique, sauf si au passage, je vois un truc qui me plaît, mais ce n’est pas mon but.

S.L. Et oui, parce que tu recherches une histoire, un contact avec des personnes.

B.G. Mais, même les gens qui font des Airb&b, ils ne te montrent pas vraiment chez eux. Ils ne sont pas naturels. Les gens, ils essayent de faire d’une manière pour te plaire, donc ils changent. On veut chercher l’authentique, mais on ne le cherche pas vraiment. Après, il y a des gens qui cherchent vraiment. Je vois mon copain, il va barouder. Il a un esprit de collectionneur. Mais après, ça demande beaucoup d’argent. Mais moi, je ne veux pas qu’il y ai une histoire d’argent qui entre en jeu. Mais, durant ce voyage en Chine, heureusement qu’on a eu cette vieille dame. Sinon, ce côté authentique n’est plus là. Pour moi, l’idéal c’est vraiment quand tu arrives à en trouver un et que c’est un peigne qu’elle avait, qui traînait. C’est comme quand tu as dit que tu en avait trouvé un à Mamé. Pour les gens, c’est insignifiant. Et je vois, ma maison avec tout ça, les gens qui arrivent disent toujours : « Elle est particulière, ta maison. ». Parce qu’il y a tout cet état d’âme que je mets dedans. Et, ils me disent : « Mais ce sont des attrape-poussières ! ». Maintenant, les gens, ils ne veulent plus faire de ménage, ils ne veulent pas de poussière. Et moi, je me dis : « Tant pis, il y aura des araignées dessus. », ce n’est pas grave. Maintenant, les maisons sont de plus en plus synthétique, nickel et impeccable… Il n’y a plus d’histoire.

S.L. Mais, tu sais, depuis toute petite, j’ai toujours vu ces peignes accrochées ici, c’est surement car je t’ai toujours vu dans cette maison. Et, c’est quelque chose qui m’a toujours intrigué durant les repas de famille car les peignes accrochaient le regard. Je me suis toujours posée la question de leur histoire.

B.G. Après, d’un autre côté, c’est bien que tu me poses la question parce que tout ça, je ne le note pas. Il n’y a que moi qui le sais. Mes enfants le savent plus ou moins parce qu’ils sont avec moi et qu’ils m’ont toujours vu faire ça. C’est presque une routine. J’ai aussi trois tables en Tadelakt, elles viennent tout bêtement de Marrakech. C’est-à-dire, qu’on est partis se balader dans le souk de Marrakech. Et puis, arrivé à un moment donné, il y avait un hammam et je voyais des ouvriers, des hommes qui étaient là et qui attendaient. Ils étaient nombreux ! Ils attendaient avec un caillou à la main et je me suis dit : « Mais qu’est-ce qu’ils font avec un caillou lisse comme ça ? », et ils palabraient. Du coup, je me suis approchée et j’ai essayé de comprendre. Et j’ai vu, qu’ils fessaient le Tadelakt et en même temps, ils palabraient. En fait, ils attendaient le moment où l’eau s’évapore pour qu’il y ai un aspect similaire à celui du cuir. Et pendant qu’ils attendaient, ils prenaient le temps de vivre. Parce que, c’est selon le temps et le séchage. De temps en temps, il y en avait un qui allait tâter. Du coup, j’ai observé tout ça. Ce n’est pas l’esprit « collection », c’est l’esprit « observation », pour voir le rituel de vie des gens. Et à un moment donné, il y en avait un qui disait un truc et tout le monde arrivait avec un caillou, c’était pour polir. Parce que, quand l’eau est partie, la chaux a un aspect similaire au cuir. Donc, ils interviennent pour lisser et serrer les pores avec un caillou. Et finalement, tu découvres par toi-même tout l’artisanat et comment ça fonctionne. C’est génial de voir comment ça fonctionne ! Et en même temps, c’est un moment conviviale. Et moi, avec un œil de touriste, je vois ça et ça me plaît. C’est ce que je recherche. Du coup, j’ai fait ma petite sauce, j’ai fait mon banc et j’ai fait mes tables. Et tu vois, c’est ce côté qui me plaît. J’ai cet esprit, je pense très ancien. C’est une vie communautaire ancienne, une entre-aide. Il me faut toutes ces histoires, tous ces trucs, je crois. Et, c’est pour ça que je te disais, que ce n’est pas tout à fait une collection. Après, la collection, elle suit son cours. Mes enfants, s’ils veulent reprendre la suite, ils l’a reprendront et s’ils ne veulent pas, ils ne l’a reprendront pas. Mais, c’est sûr que j’ai de plus en plus de gens qui me disent : « Oh ! C’est beau ! Mais, ce sont des attrape-poussières, il faut les nettoyer… ». Pour moi, c’est ce qui fait la particularité d’une maison. Parce que maintenant, toutes les maisons se ressemblent. Tu vois, il y a des araignées sur les peignes, mais ça ne me dérange pas parce que c’est toute l’histoire que je trimbale, c’est tout mon vécu. Puis, il y a les histoires des gens, des peuples, le vécu dessus et des autres.

S.L. Je me posais la question en les regardant, as-tu une façon de les accrocher sur tes murs ?

B.G. Non. Normalement, un collectionneur, je pense, qu’il les classeraient par thème et par pays ou par ordre d’arriver. Mais pour moi, c’est là où je trouve que c’est harmonieux. J’essaie de voir là où il y a une harmonie. Là, il y en a un petit, alors c’est le coin des tous petits.

S.L. Une dernière question pour terminer. Qu’est-ce qu’elle représente pour toi, cette collection ?

B.G. Ma vie. Mes souvenir. Mes voyages… avec les gens. En plus, de montrer tout ça à mes enfants, car ils sont comme toi, ils ont toujours vu ces peignes et je pense que ça leur donne aussi un caractère un peu particulier. C’est leur vécu, ça fait partie de leur histoire. Quand tu iras chez Jade, tu verras, c’est pareil, elle a accroché des trucs ethniques sur ses murs. Elle ramène toujours un truc de ces voyages. Pas forcément des peignes, mais ce sera de la vannerie ou autre chose. Et, je pense que je leur aurais ouvert les yeux avec ma façon de voir la vie. C’est pour ça que je trouve que quand on veut une maison avec des choses trop jolies ou trop de son époque ou alors très design, ça perd de son charme. Et, le problème qui tue tout, c’est IKEA. Chez tout le monde, on retrouve les mêmes choses partout, les mêmes couleurs… C’est plus stylisé, c’est plus propre, mais pour moi, il n’y a rien de fonctionnel comparé à un balai qui ramasse toutes les poussières possibles et imaginables. Et puis, à chaque fois, ça me renvoie au contexte et aux gens. Ce ne sont pas que des peignes.

S.L. C’est la personne, le souvenir, le lieu, l’endroit…

B.G. Oui, c’est ça pour moi. Ce n’est pas l’esprit de collection. Il faut creuser. C’est pour ça, ce que tu as dit : « On a toujours vu ces peignes », je pense que mes enfants dirais peut-être la même chose. Il faudrait que je leur pose la question. Je ne leur ai jamais demandé. Mais, je vois chez eux, il y a un peigne, il y a une vannerie… Tu vois, c’est selon les choses qui arrivent, je ne réfléchis jamais vraiment. Je crois que c’est pour ça que les gens me disent que je suis particulière, parce que je crois qu’on ne voit pas trop une pièce dédiée qu’à un sujet chez les gens. Et, le sujet s’y prête. Les gens mettent des tableaux, moi, je mets des peignes. Parce que pour moi, il y a le vécu, la vie, les gens derrière, l’art traditionnel. Tu vois un bout de bois, puis le final et tu vois ensuite son utilité, parce que c’est quelque chose de complet, artistique, utile et ça ne gaspille pas. Un bout de bois qu’on mettrait au feu, ils en ont fait quelque chose de noble. Il y a tout l’humain et l’histoire. Et tout ça, à partir d’un bout de bois. Il ne faut pas grand chose, j’ai vu les petites planches et ils s’adaptent par rapport à la planche, ils regardent là où c’est un peu gondolé.

S.L. Ou à la corne comme tu disais tout à l’heure.

B.G. Ils font un visage là où c’est bombé. Je l’ai observé et je les ai vu faire, ils sont obligés de calculer tout ça. Ils observent le matériau avant pour savoir comment ils vont façonner l’objet après. Ils travaillent avec pas grand chose. C’est ça que je trouve adorable, parce que c’est admirable, ils arrivent avec un bout de rien du tout à faire quelque chose de magnifique et ça, avec un outil de rien du tout. Si on regarde les grottes de Lascaux, c’est pareil, c’est l’humain derrière. Mais, je déplore un peu le fait que les gens perdent ce côté-là pour arriver à un côté très synthétique. Je crois que c’est le design, IKEA et compagnie…

S.L. Il y a toute la standardisation qui fait que tout se ressemble maintenant.

B.G. Et oui, ça fait bien 30 ans qu’on va vers une pensée unique. C’est pour ça que ça surprend les gens au départ, ce n’est pas grand-chose et c’est une collection qui ne représente rien au niveau de l’argent, parce que les peignes que j’ai achetées, c’est l’équivalent de même pas cinq euros. À l’époque, c’était des francs en plus ! J’ai dû payer deux francs pour ce truc avec une couche de graisse dessus. Je l’ai trouvé en même temps que ça et c’est Jade qui l’a, je ne peux pas te le montrer, mais il est magnifique. C’est une calebasse en bois sculptée qui est fendue avec un bout de ferraille et ils ont fait comme une agrafe, ils ont resserré les deux fentes. Et j’ai acheté deux calebasses comme ça, elles sont splendide. Et j’ai trouvé les deux calebasses et les deux peignes en même temps. J’achète les choses quand je vois que c’est vraiment fantastique au niveau récupération. On ne jette pas, on refait quelque chose.